ANIMAUX
L’ANIMAL, SUJET INTEMPOREL.
Dès son plus jeune âge, Henri Émilien Rousseau est fasciné par les chevaux, comme en témoignent ses carnets d'enfance. Les voyages en Afrique du Nord confirment son inclination et lui font découvrir un de ses sujets de prédilection : le cavalier. De l'autre côté de la Méditerranée, Rousseau retrouve la même iconographie à travers la figure du gardian : « Ces cavaliers hirsutes, tannés, sortes de philosophes silencieux comme tous les solitaires, trappeurs de terre et d'eau, nourris de grand air salin […] paraissent des hommes policés, d'une race aux origines affinés, qui […] évitent toutes les erreurs de goût et de savoir-vivre auxquelles n'échappent pas les gens de la ville de condition moyenne. » Le gardian est donc pour l'artiste un garant des traditions ancestrales qu'il s'efforce de protéger au même titre que la nature et le cheval.
Dans les œuvres de l’artiste, la campagne, normande, provençale ou maghrébine, est souvent peuplée de paisibles troupeaux de moutons ou de chèvres ; dans les rues des médinas des ânes patientent à côté de chevaux pendant que leurs maîtres marchandent. L'animal sert ici à animer la scène, il est le détail qui donne une touche de pittoresque à l'ensemble. Mais dans d'autres œuvres, il joue un rôle plus important que celui d'accessoire en étant le sujet unique. Sortant l'animal de son environnement, l'artiste le dessine parfois en détail en laissant le fond de la page vierge de tout décor. Ces études montrent l’observation attentive de Rousseau qui fixe ses sujets au repos plutôt qu'en mouvement, dans des attitudes naturelles.